Conclusion, analyse

A partir de cette analyse de différentes ACV de PC fixes et d’articles relatifs à ce domaine, un certain nombre de limites ont pu être identifiées.
– Tout d’abord au niveau des articles eux-mêmes : de nombreux articles de la fin des années 2000 se réfèrent encore très souvent à des articles/études datant de 1998 à 2000. Il en va de même du produit étudié : des études récentes portent sur des technologies dépassées et des modèles de PC anciens. Enfin, un manque d’ACV de PC récentes a été noté.
– En second lieu, la définition de l’unité fonctionnelle pose question. On constate un manque d’homogénéité dans le choix de l’unité fonctionnelle et un manque d‘attention porté au choix de la durée de vie, voire à sa définition. La modélisation des usages (entreprise/privé ; allumé/veille/éteint) et l’allocation géographique (mix énergétique, fabrication répartie dans plusieurs pays….) sont délicates car elles peuvent influencer considérablement les résultats de l’ACV.
– Enfin, la principale limitation porte sur les données. Presque tous les articles mentionnent et insistent (sur) le manque de données publiques disponibles sur les PC et notamment sur leurs composants électriques mais aussi une absence de données propres aux pays asiatiques qui assurent une part importante de la fabrication/assemblage des PC. De plus, les PC étant des produits complexes constitués d’un nombre de composants électroniques élevé, il apparaît difficile de réaliser une ACV complète et rigoureuse, et ce, d’autant qu’une multiplicité d’acteurs interviennent dans la chaîne de fabrication du PC de la pièce jusqu’à l’assemblage, ce qui rend le travail de collecte très compliqué. Ainsi, certaines études ne modélisent pas tous les procédés de fabrication, voire négligent certaines phases du cycle de vie, les rendant moins pertinentes.

Pour pallier ces manques, les recommandations suivantes peuvent être formulées.
– La première serait de mener des travaux pour fournir des outils et une méthodologie d’ACV adaptée aux PC : développer une approche « top-down » préconisée pour les ACV d’équipements constitués de sous-composants imbriqués, définir les phases de cycle de vie obligatoires (ex : fin de vie) et optionnelles dans une ACV de PC, proposer une méthode d’allocation des impacts géographiques.
– La seconde consiste à réaliser des inventaires complets et rigoureux, avec un même niveau d’exigences de données et de leur qualité quelque soit le composant, pour éviter les résultats biaisés.
– La recommandation essentielle et prioritaire est de renforcer la collecte de données sur le PC, leur fiabilité et leur accès et ce aux échelles nationales mais aussi mondiale. Cela pourrait se faire en favorisant les flux d’échanges de données, la volonté de créer des BD publiques, et/ou la validation de données (notamment d’émissions dans les écosystèmes, ou de traitement de fin de vie) par des expérimentations en laboratoire.

Enfin, il nous paraît important de rappeler le travail considérable qu’a réalisé l’EMPA, aussi bien pour la constitution de modules et de données pour les équipements électriques et électroniques dans la base de données Ecoinvent v2.0, que pour la qualité et la transparence de l’étude d’ACV menée sur un PC fixe avec écran et périphériques. Même si cette ACV présente des limites et peut faire l’objet de critiques (durée de vie très longue…), elle va dans le sens des améliorations souhaitées.

Article rédigé par Morgane LE FOLL en mars 2010
révisé par Françoise BERTHOUD